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Réseau Sélection

La tour se fera coûte que coûte, mais plus tard…

La démolition des immeubles du Groupe Léveillé créera 87 nouvelles cases de stationnement qui s'ajouteront aux 52 cases prévues avec la destruction des trois maisons de la rue Marguerite-Bourgeoys qui s'effectuera sous peu. photo Nelson Dion

Le projet de Réseau Sélection sera encore retardé de quelques mois, mais le conseil municipal de Saint-Hyacinthe demeure inébranlable dans sa volonté de promouvoir la construction d’une tour de 15 étages en plein centre-ville.

Le maire Claude Corbeil en a fait l’annonce le 29 août dernier lors d’un point de presse visant à rassurer les opposants au projet. « Nous avons entendu vos préoccupations et identifié des solutions structurantes » a-t-il déclaré. Mais les préoccupations de qui?

Parmi ces solutions, l’achat d’immeubles en vue de les détruire pour agrandir le stationnement au centre-ville. On ne parle plus des cinq maisons de l’avenue Saint-François – dont le coût négocié s’avérait trop élevé, semble-t-il -, mais bien de propriétés du Groupe Léveillé situées dans le quadrilatère formé par les rues Saint-Antoine, Mondor, Marguerite-Bourgeoys et Saint-Simon.

Des réactions

La démolition des immeubles du Groupe Léveillé créera 87 nouvelles cases de stationnement qui s'ajouteront aux 52 cases prévues avec la destruction des trois maisons de la rue Marguerite-Bourgeoys qui s'effectuera sous peu. photo Nelson DionRencontrée au sortir du point de presse, la directrice du Comité Logemen’mêle, Andrée Rochon, avait des sentiments mitigés suite à cette annonce. « D’une part, je me sens soulagée pour les locataires des cinq maisons de l’avenue Saint-François qui vivaient un stress énorme devant l’éventualité d’être évincés. Et d’autre part, je suis déçue que la Ville persiste avec ce projet même s’il est retardé jusqu’au printemps prochain ».

Par ailleurs, le maire Corbeil a avancé que l’achat des immeubles du Groupe Léveillé n’entraînerait pas l’éviction massive de locataires. Selon lui, il n’y en aurait que deux. Sauf que parmi les maisons visées, l’une d’elles abrite un organisme communautaire d’alphabétisation, l’Aide pédagogique aux adultes et aux jeunes (APAJ).

Rejointe par MOBILES, la directrice de l’organisme, Isabelle Giguère, ne s’attendait pas à ça. « Nous avons reçu l’information quelques heures avant le point de presse du maire où nous n’étions pas invitées, raconte-t-elle. C’est Mme Léveillé, la conjointe du propriétaire, qui nous appris la mauvaise nouvelle. J’étais choquée et déçue. »

Évidemment, l’obligation de déménager place l’organisme dans l’insécurité. « Ici, c’est un milieu de vie, explique-t-elle. La plupart des gens qui fréquentent l’APAJ n’ont pas d’auto et certains ont même de la difficulté à marcher. Il ne faudrait pas devoir quitter ce quartier ».

La directrice n’a pas encore reçu d’avis formel d’éviction. Cependant, un représentant de la Ville l’a rejointe au téléphone en fin de journée pour l’informer qu’elle aurait un appui de la municipalité pour se relocaliser. Sauf qu’aucune date n’a été avancée.

« Nous devions tenir une activité porte-ouverte le 8 septembre dans le cadre de la Journée internationale de l’alphabétisation. Ça vient un peu chambarder nos plans… »

Accommodements à fort prix

De toute évidence, lorsque le maire parlait des préoccupations des citoyens, il faisait référence aux problèmes engendrés par la construction de cette tour au centre-ville qui enlèverait 180 cases de stationnement. Son point de presse portait essentiellement sur ce sujet.

La démolition des immeubles du Groupe Léveillé créera 87 nouvelles cases de stationnement qui s’ajouteront aux 52 cases prévues avec la destruction des trois maisons de la rue Marguerite-Bourgeoys qui s’effectuera sous peu. De plus, l’achat récent de l’édifice abritant la Fédération des caisses Desjardins libérera, à terme, 140 autres espaces de stationnement.

Bref, c’est à prix fort que l’administration municipale accommodera la venue de Réseau Sélection. Manifestement, le comité formé pour trouver des solutions aux préoccupations des citoyens s’est penché exclusivement sur la problématique du stationnement.

La grogne persiste

Sauf que la grogne provoquée par ce projet ratisse beaucoup plus large. Le groupe de citoyens formé à la suite de l’annonce du projet, le 6 juin dernier, n’entend pas lâcher prise selon les informations recueillies.

Depuis le début qu’on réclame une étude d’impact sur la santé des résidents du secteur, étude qui est offerte gratuitement par Santé publique Montérégie. On s’inquiète notamment de la circulation accrue d’automobiles et de l’îlot de chaleur créé par la tour. On se demande d’ailleurs si un autre site a été envisagé par la municipalité.

De plus, le groupe entend bien réclamer une « véritable » consultation publique sur le projet avant le printemps 2018.