Société
75 millions supplémentaires pour les cinq prochaines années

Les organismes communautaires autonomes en santé mentale saluent l’annonce de Québec

Sylvie Tétreault, coordonnatrice de l'organisme le Trait d'Union Montérégien. Photo : Nelson Dion

Après plusieurs années à multiplier les représentations auprès du gouvernement du Québec afin d’obtenir une aide financière substantielle dédiée au soutien de leur mission, les organismes communautaires autonomes de la région semblent avoir vu leur souhait être exaucé en partie par le gouvernement de François Legault le 25 janvier dernier, alors que le ministre délégué Lionel Carmant a annoncé une enveloppe budgétaire supplémentaire de 75 millions dollars pour les cinq prochaines années.

Cette enveloppe budgétaire annuelle de 15 millions de dollars prévue dans le cadre du Plan d’action interministériel en santé mentale 2022-2026 ne réglera pas tous les problèmes présents au Québec, mais il s’agit d’une bonne nouvelle en soi pour la Maison alternative de développement humain.

Sylvie Tétreault, coordonnatrice de l'organisme le Trait d'Union Montérégien. Photo : Nelson Dion

« C’est un pas dans la bonne direction, mais nous demeurons prudentes pour l’instant, puisqu’il faudra savoir comment les crédits prévus par Québec seront distribués. Les organismes communautaires autonomes demandent une aide financière pour soutenir la mission depuis plusieurs années », a expliqué la cogestionnaire de la Maison alternative de développement humain, Françoise Pelletier.

La prochaine année s’annonçait déjà prometteuse avec l’acquisition d’un nouveau bâtiment situé sur la rue Girouard Ouest à Saint-Hyacinthe en septembre dernier au coût de 650 000 $.

Bien que l’équipe de MADH soit toujours en attente de l’obtention des autorisations municipales pour effectuer les travaux nécessaires afin d’assurer l’aménagement de sa clientèle, une aide financière supplémentaire en 2022 viendrait à point pour embaucher des ressources pour assurer la qualité du service aux membres.

« C’est le défi constant dans notre milieu. En 22 ans d’expérience dans le milieu communautaire, il y a du rattrapage à faire. On apprend rapidement à faire beaucoup avec peu, mais cette aide financière permettra peut-être d’offrir de meilleures conditions de travail et favoriser ainsi la rétention du personnel », a renchéri Françoise Pelletier.

Même son de cloche du côté de son homologue du Trait d’Union Montérégien, un organisme communautaire qui offre un service de parrainage en santé mentale afin de briser l’isolement social des personnes vivant avec une détresse émotionnelle. Sa coordonnatrice, Sylvie Tétreault, s’est réjouie de l’annonce d’une aide financière dédiée à la mission.

« Nous ne savons toujours pas comment les fonds seront distribués par Québec, mais c’est une bonne chose que ces sommes sont récurrentes. Il s’agissait d’une demande faite par les organismes communautaires autonomes depuis plusieurs années », a fait savoir celle qui travaille depuis 23 ans comme coordonnatrice de l’organisme maskoutain.

L’une des critiques formulées à l’endroit des gouvernements des dernières années aurait été entendue par l’équipe du ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant. Par le passé, l’aide financière octroyée par Québec était réservée à des projets spécifiques, ce qui irritait les dirigeants des organismes communautaires. 

« Les organismes souffraient déjà d’un sous-financement chronique depuis plusieurs années avec l’austérité des dernières années, a rappelé la coordonnatrice du Trait d’Union Montérégien, Sylvie Tétreault. Ce que nous avions besoin, c’était une aide financière supplémentaire pour soutenir notre mission. »

Le Trait d’Union Montérégien recherche actuellement des bénévoles qui seraient prêts à adhérer au programme de parrainage. Ceux-ci seraient appelés à communiquer et à faire des activités avec des personnes isolées socialement sur le territoire maskoutain.

Une crise sanitaire qui donne des maux de tête

Depuis le début de la pandémie liée à la COVID-19 en mars 2020, le nombre de personnes vivant avec une détresse émotionnelle, notamment l’anxiété, l’isolement social et la dépression, a tout simplement explosé.

La charge de travail des organismes communautaires autonomes comme la Maison alternative de développement humain et le Trait d’Union Montérégien n’a fait qu’augmenter au fil des mois. La demande grandissante oblige le personnel à travailler de longues heures et à faire preuve de créativité pour répondre aux besoins de leurs membres.

« Avec le contexte sanitaire, le nombre de personnes isolées socialement qui vivent avec une détresse psychologique est vraiment plus important. La demande pour nos services est en hausse », a expliqué Sylvie Tétreault.

Le constat est partagé du côté de la cogestionnaire de MADH. Selon elle, la pandémie se veut également une crise auprès des individus qui se trouvent dans une situation précaire. Il existe plusieurs autres enjeux reliés qui ne facilitent pas le travail non plus. En tête de liste, la crise du logement en sol maskoutain ajoute une pression additionnelle sur les épaules des moins nantis, créant une situation anxiogène pour ces personnes.

« Avec un taux de vacances qui se situe à 0,2 % à Saint-Hyacinthe selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement, ça devient difficile pour les personnes dans une situation précaire de trouver un logement abordable », a fait valoir Françoise Pelletier, faisant référence à la pénurie de logements sociaux sur le territoire de Saint-Hyacinthe.