Société

Une rentrée surréaliste

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La plus étrange des rentrées scolaires est en marche. Du jamais vu… impensable et inimaginable. Des enfants, pas tous, prendront le chemin de l’école tous les matins, selon les vœux du ministre Roberge. À quelle sorte de salle de classe feront face nos petits ?

En premier, le transport. Le nombre d’enfants par autobus est limité à 12, ce qui est très loin de la capacité maximale de ces engins. Les abords des écoles seront très fréquentés par les parents venant porter et récupérer leurs enfants. Je ne peux pas trop vous rappeler combien il sera important de faire attention aux petits. C’est souvent la jungle au début des classes, ce sera encore pire si nous ne prenons pas soin les uns des autres. Je salue, au passage, le service de transport de la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSH) qui a la lourde tâche d’organiser tout ça.

En classe, la grande différence sera évidemment le nombre d’enfants présents. Le maximum absolu est de 15, mais dans les faits, les règles de distanciation sociale imposent des groupes d’un maximum de 8 élèves dans certains locaux trop exigus. Sachant que dans quelques écoles le nombre d’enfants présents sera supérieur aux normes et que tous ne pourront y rester, les écoles secondaires seront mises à contribution avec toute la logistique de transport supplémentaire qui va avec. Le gouvernement mettra à la disposition des enseignants des équipements de protection personnelle, et de nombreux parents ont fait l’achat de masques pour leurs petits. J’imagine aisément la vision surréaliste qu’aurait un observateur extérieur qui regarderait la scène. Mais bon, c’est ça la vie au temps du coronavirus, me direz-vous, ils vont s’y habituer et la nouvelle routine sera, sous peu, la normalité.

Voyons alors ce que sera maintenant le déroulement de la journée. Lavage de mains obligatoire à l’arrivée, avant et après la collation, avant et après la récréation, avant et après le dîner, avant et après la récréation de l’après-midi et, enfin, avant de quitter l’école pour la maison, le tout par groupe de 15, et ce, pendant minimalement 20 secondes par enfant. En comptant rapidement, c’est près d’une heure par jour par groupe qui sera consacrée au lavage des mains, sans même compter les déplacements inévitables. Bien sûr, le partage d’objets est proscrit : on ne prêtera plus son aiguisoir ou une simple efface.

Les horaires doivent être réorganisés (salut bien bas aux directions et aux équipes-écoles) pour permettre que les récréations soient prises en alternance, tout en assurant le temps nécessaire au lavage des mains. La désinfection devra être faite pratiquement en continu, et ce, sur toutes les surfaces fréquemment touchées : salles de bain en général, poignées de porte, interrupteurs, bureaux, ordinateurs, etc.

Il y aura aussi la peur à gérer. Depuis des semaines, les enfants ont appris à craindre le coronavirus, et l’anxiété, problème déjà généralisé dans le réseau, atteindra un nouveau sommet. Des enfants masqués, ayant peur de ramener la maladie à la maison, auront besoin d’être rassurés, mais à distance…

Enfin, il faudra apprendre avec des enfants qui n’auront rien fait depuis mars et d’autres qui auront travaillé tous les jours. Les professeurs devront évaluer l’état de la situation et faire au mieux pour préparer les enfants à un autre deux ou trois mois ou plus sans école.

Cette rentrée surréaliste se fera avec deux petites semaines de préparation. Depuis le début, on aurait souhaité un ministre plus proactif, des directives claires sur la préparation d’un éventuel retour. Quand l’Ontario, à côté, mettait en place un véritable enseignement à distance, quand ici, les établissements privés étaient à pied d’œuvre au premier jour du confinement, la tête dirigeante du système d’éducation québécois était-elle en train de faire la file pour du papier de toilette ?

 

Martin Nichols

La Présentation