Chronique

Fêter à Saint-Hyacinthe: en petit ou en grand?

Crédit photo: SDC.

J'ai longtemps cru qu'il fallait un grand festival à Saint-Hyacinthe : un événement d'envergure qui attirerait les foules, non seulement d'ici mais d'ailleurs au Québec.

Déjà, au début des années 80, je l'écrivais dans l'hebdo local – le doyen des journaux français d'Amérique – lorsque j'y étais journaliste. Sans déprécier l'expo agricole, une « institution » maskoutaine, il me semblait qu'il était temps de tenter autre chose. Un événement davantage urbain, davantage en accord avec ce qu'était devenue Saint-Hyacinthe.

À Montréal, on y allait allègrement. Le jazz, l'humour, les francofolies : tout était prétexte à créer un festival. Il faut dire qu'à l'époque, les gouvernements étaient beaucoup plus généreux qu'aujourd'hui sur les subventions.

C'est dans cette foulée que Drummondville a lancé son Mondial des cultures en 1981. Puis ce fut une autre ville voisine, Saint-Jean-sur-le-Richelieu, qui prit son envol avec le Festival des Montgolfières en 1984. Et il existait déjà le Festival international de la chanson de Granby. Tant qu'à y être, allons-y donc pour le Festival de la gibelotte de Sorel qui nous « régale » depuis 1981. (Mais qui présente tout de même cet été la chanteuse Ariane Moffatt…)

On peut dire que Saint-Hyacinthe s'est réveillée avec le Festival rétro dans les années 90. Je ne suis pas très fan du gogo et du yé-yé, mais je dois admettre que les dernières éditions, qui avaient lieu dans une immense tente au centre-ville, présentaient une programmation intéressante. On attirait enfin des gens d'ailleurs.

Mais voilà, tout cela coûtait des sous et certains membres du conseil municipal du temps ont pogné la chienne. On avait peur d'investir pour stimuler à plus long terme l'économie locale. Et le même scénario s'est reproduit avec le Rendez-vous des papilles.

Une fois les papilles dégonflées, on s'est retrouvé en panne sèche. Bien sûr, il restait les Beaux mardis de Casimir, mais ce ne sont que six petites soirées durant tout l'été. C'est là que les propriétaires de bars et de restos se sont dit : il faut faire quelque-chose, le centre-ville est en train de crever.

Crédit photo: SDC.Tout a commencé devant le Zaricot il y a deux ans, en collaboration avec les commerçants voisins. On a fermé une section de la rue des Cascades pour y aménager une scène où des artistes se produisaient. Le Bouffon a pris la relève l'année suivante sur l'avenue Sainte-Anne. Personne n'a fait d'argent mais peu importe, l'élan était donné.

Cette année, les Rendez-vous urbains se sont échelonnés sur quatre week-ends.

D'autres commerçants ont embarqué et ont mis des sous dans l'entreprise, soutenus par Simon Cusson de la SDC qui s'est démené sur tous les sites, la broue dans le toupette. La Ville y est allée d'un gros 15 000$ pour supporter l'affaire. À peine de quoi payer le service de sécurité et les permis, m'a-t-on dit.

Les Rendez-vous se terminent en fin de semaine et, d'après ce que j'ai su, les organisateurs sont pas mal satisfaits. Enfin, assez pour répéter l'expérience l'an prochain. Il faut dire que la température clémente était aussi au rendez-vous. Les gens ont semblé apprécier.

Je regarde ça et je me dis qu'il n'est peut-être pas nécessaire d'avoir un méga festival à Saint-Hyacinthe. Genre : Le Festival international du pot présenté au Parc des Salines et mettant en vedette les Rolling Stones. La matière première n'est-elle pas abondante dans la Grande région de Saint-Hyacinthe?

C'est sûr que l'on ferait parler de nous. Mais n'est-il pas plus intéressant d'avoir des événements publics à dimension plus humaine et qui rejoignent la famille. Reste à soutenir et à développer des initiatives comme les Rendez-vous urbains.