Chronique

Harcèlement « taxuel »

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Ainsi donc le conseil municipal de Saint-Hyacinthe persiste et signe en refusant d'abolir totalement la taxe compensatoire pour les organismes communautaires, propriétaires d'immeubles. Malgré les nombreuses protestations et le fait que plusieurs autres villes ne le font pas, Saint-Hyacinthe reviendra avec cette taxe en janvier 2016.

Photo: archives Mobiles. Ah bon. Alors puisqu'il faut payer, pourquoi ces organismes n'utiliseraient-ils pas les mêmes méthodes que la Ville pour financer leurs services?

La première chose à faire serait d'installer des horodateurs à l'intérieur de leurs locaux. Une femme violentée passe des heures à se confier à une intervenante : Ka-cling! dans le parcomètre. Même chose pour une personne en crise ou en dépression : Ka-cling! à chaque heure.

Si la personne sort de sa rencontre rassurée et qu'elle a le malheur d'esquisser un sourire : Ka-cling! une taxe d'amusement.

Un déshérité reçoit pour la première fois un repas de la popote roulante? Pourquoi ne pas y imposer une taxe de bienvenue comme la ville le fait pour les nouveaux propriétaires? Ka-cling!

Et puis Noël s'en vient. Les organismes auront une occasion en or pour taxer les familles démunies qui recevront un panier de nourriture. Évidemment, les jouets pour leurs enfants « bénéficieront » également de la taxe d'amusement. Ka-cling!

Bien sûr, il faudra taxer les itinérants qui reçoivent un repas et un gîte temporaire; taxer les personnes âgées pour l'aide à domicile; taxer les jeunes en maison d'hébergement. Ka-cling! Ka-cling! Ka-cling!

Et il y aura d'autres occasions pour les organismes de « compenser » pour la taxe compensatoire. Les politiciens ne se servent-ils pas des plus démunis et de ceux qui leur viennent en aide pour se faire un certain capital? Ça aussi, ça se paye…

Lorsque les élus municipaux visiteront un organisme communautaire pour se donner bonne conscience ou à l'approche d'une élection, pourquoi ne pas en profiter pour taxer chaque poignée de main? Et s'ils demandent à se faire prendre en photo avec les responsables ou les utilisateurs du service, là, on mettrait le paquet!

On imposera une taxe compensatoire pour image positive à des fins électorales. KA-CLING!

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Bon, ok, j'exagère. Ce ne sont pas tous les élus municipaux qui sont insensibles au travail essentiel des organismes communautaires. Certains représentent des quartiers où la pauvreté et la détresse humaine existent.

Mais on dirait qu'il suffit d'un conseiller qui sort sa grosse voix pour influencer les autres : « FAUT QU'ILS FASSENT LEUR JUSTE PART! ».

La juste part de quoi au juste? Si la Ville était dans la dèche, je comprendrais. Quand il s'agit de trouver de l'argent pour un terrain de soccer synthétique, pour un centre aquatique, pour un camion de pompier high-tech, pour un aréna à trois glaces ou pour un centre des congrès, là, les coffres s'ouvrent.

Ils s'ouvrent aussi pour une campagne publicitaire nationale qui clame à grands frais que le Ville est « hyperactive », « étourdissante » et « idéaliste ».

Peut-être… Mais j’opterais plutôt pour d'autres qualificatifs employés dans cette campagne : « paradoxale » et « déroutante », parfois, cette ville…