Chronique

« J’aguis Nowel »

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Vous allez dire que je suis un grognon, un grincheux, un rabat-joie, mais plus je vieillis, plus j’appréhende le temps des Fêtes. Et particulièrement sa première manifestation. Autrement dit, « j’aguis Nowel ».

La citrouille de l’Halloween n’a pas fini de pourrir sur le balcon que certains s’empressent de sortir les décorations. Dès la mi-novembre, la frénésie de la consommation s’ébranle. Les magasins commencent à faire leurs annonces qui vont bourrer les publi-sacs et envahir la télé et la radio.

Peu à peu, la musique de circonstance – toujours la même – va s’infiltrer sournoisement dans les centres d’achats et même dans les rues du centre-ville. Personnellement, je n’aime que deux tounes : « So this is Christmas » de John Lennon et « Marie-Noël » de Claude Gauthier. Imaginez comme je peux souffrir…

Et puis arrive le Vendredi fou, cette folle célébration de la consommation pour laquelle certains sont prêts à coucher dehors afin d’économiser quelques dollars. Pour les amateurs d’achats en ligne, on suit avec le Cyberlundi qui, en fait, dure quelques jours et offre des rabais sur des prix déjà gonflés à l’hélium.

Et comme si ce n’était pas assez, on aura le Boxing day, le 26 décembre, question de vider ce qui reste sur la carte de crédit.

Selon un sondage mené par un cabinet d’experts-comptables, le budget total des Québécois pour les dépenses du temps des Fêtes se situerait autour de 2,4 milliards de dollars, soit en cadeaux ou en frais de divertissement.

Selon la même enquête, le Québécois prévoit donc dépenser, en moyenne, près de 700$ pour cette période de festivité.

700$ c’est à peu près ce que reçoit, par mois, un prestataire de l’aide sociale. Avec ça, il supposé être capable de se loger, se nourrir, se vêtir et se payer quelques à-côtés comme le cable. Mais pas sûr qu’il va s’acheter un iPhone à 1300$.

Nowel, c’est d’ailleurs le moment où les projecteurs se braquent sur les pauvres. « Ça fait donc pitié. C’est donc de valeur… » Mais pendant ce temps-là, les riches continuent à s’enrichir. Et de plus en plus.

Heureusement, il y a des organismes comme La Moisson Maskoutaine qui vient donner un peu de réconfort en mettant de la nourriture sur la table. Début décembre, des centaines de bénévoles se sont activés pour ramener ces denrées. Comme quoi il n’y a pas que du mauvais monde dans le monde.

On pense aussi – et surtout – aux enfants, ces enfants qui n’auront pas le même Nowel que ceux qu’ils voient à la télévision. Avec le sapin plein de boules colorées, des lumières et des cadeaux à n’en plus finir de déballer.

Heureusement, ils peuvent encore rêver. Rêver qu’ils auront du bonheur puisque « c’est sûr » que le Père Noël existe et que c’est une bonne personne. Il y a de l’espoir.

Vivement le retour du défilé de la Magie de Noël sur la rue des Cascades. Ne serait-ce que pour voir les étincelles dans les yeux des enfants.

Comme ça, au moins, ils se fabriqueront de beaux souvenirs pour quand ils seront grands.