Chronique

Zone orange sur fond bleu poudre

paul-henri_freniere

Ainsi la Coalition Avenir Québec a peinturé la grande majorité de la carte électorale avec sa couleur bleu poudre. Mais, en même temps, le jaune orange de Québec solidaire a pris «gallon», si l’on peut dire. Notamment dans la circonscription de Saint-Hyacinthe.

Qui aurait prédit, la veille de l’élection, que Marijo Demers de QS serait arrivée en deuxième position derrière Chantal Soucy de la CAQ? Pas même elle, je suppose. De plus, son score est légèrement supérieur à celui de son parti à l’échelle nationale.

Elle ne l’a pas volé. La candidate a mené une campagne tambour battant, appuyée par une petite équipe dynamique et motivée. Une équipe où l’on retrouve certains éléments des groupes populaires, le ferment de la zone orange maskoutaine.

Le fait qu’elle soit professeure de sciences politiques au Cégep de Saint-Hyacinthe a sûrement joué en faveur de ses résultats. La plateforme environnementale de QS a dû rejoindre aussi les jeunes.

Reste que Chantal Soucy a remporté une victoire sans équivoque. Avec 52% des suffrages, elle a obtenu davantage de votes que tous ses adversaires réunis. Elle fera donc partie d’un gouvernement majoritaire, ce qui n’est pas arrivé souvent au comté de Saint-Hyacinthe.

Bien sûr, tous les maires des municipalités de la circonscription feront leur liste de cadeaux pour Noël, celui de Saint-Hyacinthe en tête. Les demandes de subventions vont rapidement s’empiler sur son bureau de comté. Mais la députée devra aussi rester attentive aux demandes du milieu communautaire.

Et ces demandes viendront vite!

Dès vendredi, le 19 octobre, Chantal Soucy est conviée au parc Casimir-Dessaulles par le comité organisateur de la Nuit des sans-abri (lire le texte : « Une nuit à connotation politique »).

Les responsables de l’événement ont déjà annoncé qu’ils interpelleront la députée sur des sujets qui les préoccupent. Par exemple : que fera son gouvernement pour lutter contre la pauvreté et l’itinérance? Pourquoi ne s’attaque-t-il pas résolument aux paradis fiscaux? Pour quelles raisons ne mettons pas en place une fiscalité basée sur la justice sociale?

Elle devra tenir compte, aussi, des questions environnementales qui préoccupent un bon nombre de ses électeurs. On dit que la plateforme électorale de la CAQ était particulièrement faible en cette matière. Elle devra être à l’écoute des groupes comme le Comité des citoyennes et des citoyens pour la protection de l’environnement maskoutain qui est très actif dans le milieu.

L’immigration est aussi un sujet qui caractérise notre région. Un organisme comme Forum 2020 favorise la venue de nouveaux arrivants et leur intégration dans nos communautés. Or, la CAQ a adopté des positions controversées sur le sujet, notamment sur les quotas d’immigration.

Cela mettra peut-être la députée dans une situation délicate puisque son parti en est un de centre droit.  Cette coalition a dans ses rangs des éléments qui ont plutôt des tendances néolibérales peu enclines à l’intervention de l’État pour la justice sociale et la redistribution de la richesse.

Mais la députée a déjà démontré qu’elle sait « tenir son bout », même lorsqu’elle était dans la deuxième opposition. Maintenant bien établie dans un parti au pouvoir, réussira-t-elle à porter ces valeurs dans les officines de Québec? Comme le disait si bien son chef François Legault : On verra…