Opinion

Logement : action et leadership demandés

Chantier mis à l'arrêt du Groupe Sélection au centre-ville de saint-Hyacinthe. Photo : Nelson Dion

Saint-Hyacinthe vit une véritable crise du logement, et cette crise prendra du temps avant de se résorber.

C’est une enquête commandée par la MRC des Maskoutains qui le dit. Son auteur, Paul Morin de l’Université de Sherbrooke, dresse un portrait très juste sur la situation du logement dans la région. Le rapport, intitulé État de situation du logement social, communautaire et abordable dans la MRC des Maskoutains, se trouve sur le site de la MRC.

En gros, la crise du logement est surtout une crise du logement abordable causée par la hausse des loyers. Elle touche plus particulièrement les ménages à revenu moyen : les travailleurs, les femmes, les familles immigrantes, les jeunes et les aînés, entre autres.

« Il y a une pénurie de logements entre 600 $ et 1000 $ à Saint-Hyacinthe, écrit M. Morin. Un trois et demi à 1050 $ et plus est la norme maintenant. » 

Il y a un décalage entre le milieu du travail et l’offre d’habitation, poursuit le rapport. Pendant que le milieu économique fait des pieds et des mains pour attirer des travailleurs étrangers afin de combler les besoins en main-d’œuvre, ceux-ci peinent à se loger, au point que plusieurs entreprises ont dû acquérir des immeubles pour leurs travailleurs.

Le rapport y va de quelques recommandations : élaboration d’une politique régionale en habitation, moratoire pour préserver les logements abordables actuels, recension des bonnes pratiques qui pourraient être implantées localement, bureau intermunicipal en matière de gestion de l’habitation et surtout, une véritable concertation entre les acteurs du milieu.

Malgré la justesse de ce rapport, celui -ci pourrait bien finir sur une tablette. C’est le lot de bien des rapports de ce genre.

L’autre problème qu’on y voit, c’est qu’il ne permettra pas de résoudre à court terme la pénurie de logements. Mettre sur pied des comités, c’est bien beau mais ça exige du temps et de la concertation. Si on veut corriger la situation, il faut des actions concrètes et facilement réalisables. En habitation, construire du logement social prend plusieurs années.

Pour l’instant, Saint-Hyacinthe semble plutôt s’en remettre au secteur privé pour combler le manque de logements. Or, le privé ne peut pas fournir de logements abordables à une large part de la population. Les coûts de construction sont aujourd’hui trop élevés. Les logements disponibles ne manquent pas, mais peu de gens peuvent payer un loyer de 1500 $ et plus par mois.

Bien sûr, la Ville investit des sommes chaque année pour le logement social. Cette cagnotte a permis à Habitation Maska, née à l’Office municipal d’habitation, d’acquérir des immeubles pour les rénover et les réserver aux clientèles les plus démunies. Malheureusement, c’est trop peu et ces projets ne répondent pas aux besoins de la classe moyenne.

La Ville, doit-on le rappeler, a elle-même contribué à la situation actuelle en acquérant quantité d’immeubles abordables au centre-ville pour y faire du stationnement et les projets de la Promenade Gérard-Côté ou de la future gare intermodale. Ainsi, une quarantaine de logements disparaîtront dans les prochaines années.

Il y a aussi une table de concertation qui réunit la plupart des acteurs du milieu mais celle-ci est sans moyens pour agir.

Ce qui nous amène au manque de leadership. Trouver des solutions concrètes et innovatrices pour faire face à cette crise, c’est possible. Les municipalités sont les mieux placées pour agir car elles ont la structure et les moyens pour le faire. Or, jamais nous n’avons senti qu’il s’agissait d’une priorité chez nos élus municipaux.

Néanmoins, il faut se réjouir de voir la MRC s’intéresser à la question. La situation ne touche pas que Saint-Hyacinthe mais aussi toute la région. Et elle ne concerne pas seulement les locataires, mais aussi tout notre développement économique. Bref, elle nous concerne tous.