Mandoline Blier
Opinion
Une promenade entre le rêve et la réalité
Avec les premières chaleurs printanières, l’envie me pris de me rapprocher de la nature. Je marchais donc d’un pas léger, vers la promenade Gérard-Côté. Je montais avec enthousiasme l’escalier qui me conduirait au chemin près de la rivière bordée d’arbres en éveil, lorsque mon pied s’enfonça dans l’une des marches (et c’est vraiment arrivé !). Je me suis alors demandée : qu’arrive-t-il de cette promenade que nous avions rêvée collectivement en 2017 ?
Il semble que la grande consultation publique, qui a fait partie du processus permettant à la firme d’architectes Daoust Lestage d’élaborer les plans de la future promenade, soit restée accrochée dans les nuages, faute de financement. Rappelons que ce rêve était évalué initialement à 33 millions de dollars. Devant l’explosion des coûts, le conseil municipal a accepté d’acquérir un prêt de 12,8 millions de dollars pour faire la place des spectacles et la portion de la promenade qui s’y rattache, soit le double du budget estimé au départ. Par ailleurs, afin de diminuer les impacts financiers sur le portefeuille des contribuables, il a aussi été décidé de scinder cette première phase en trois temps. Déjà, 4 phases étaient prévues pour amortir les coûts. Bref, il s’agit maintenant d’un projet composé de 7 phases, estimé à beaucoup plus que les 33 millions initiaux et s’échelonnant sur encore plus d’années. De quoi se demander si cette promenade de 2,4 kilomètres verra le jour dans son entièreté.
Malgré les délais et les coûts exponentiels de celle-ci, tout porte à croire que la Ville maintiendra ses intentions de départ. Comme si, pour revitaliser le centre-ville, nous avions besoin de cette démesure. Un attrait pour inviter une nouvelle population, que l’on espère mieux nantie, à s’établir près des berges de la Yamaska. Un lieu de villégiature imaginé par de réputés architectes pour faire rayonner la municipalité. Ici le rêve a des allures de mirage. Un paradis de promenade qui ouvre la voie vers tous les possibles.
Le tout me donne des impressions d’embourgeoisement mettant de côté les besoins et intérêts des résidents actuels du centre-ville. Car pendant que l’on trouve des solutions pour voir le rêve devenir réalité, la promenade est délaissée. Les quelques travaux réalisés pour réparer les endroits les plus dangereux ne permettent pas de profiter pleinement des lieux. Et l’allongement du projet repousse évidemment les délais des dernières phases. Pensons à celle près du parc Christ-Roi, par exemple, qui maximiserait les activités récréatives pour les jeunes habitant présentement dans le quartier. On le sait, il y a peu d’espace vert dans le centre-ville et plusieurs résidents n’ont pas les ressources pour se rendre à l’extérieur. Je trouve dommage cette priorisation des travaux, qui laisse de côté les personnes qui vivent au centre-ville et l’accès à la rivière.
Alors la question se pose, compte tenu des conditions actuelles, est-il nécessaire de maintenir ce projet imaginé pour la promenade ? Ne faudrait-il pas revenir aux besoins exprimés dans la consultation publique, regarder les moyens financiers et les ressources mises à notre disposition et faire de ce rêve une réalité pour toutes et tous ?
2 Commentaires
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avec l’arrêt et le fiasco du projet de Groupe Sélection au abords de la promenade, rien ne sera fait avant qu’une solution ne soit trouvé .
Une plaie béante au centre-ville où rien ne bouge et aucune date de reprise du chantier.
Que fera la Ville de St-Hyacinthe ?
Îlot Voyageur 2
Je suis tout à fait d’accord avec le fait d’avoir un projet de la promenade plus réalisable et beaucoup moins couteux, mais qui voit le jour et arrive à un dénouement même s’il n’est pas celui rêvé et trop tape à l’oeil annoncé. Que nous ayons une promenade correcte et sécuritaire avec l’approche de penser à l’entretien et à la sécurité à long terme. Des passerelles hautes et suspendues près de la salle de spectacle, ça devient dangereux si les planches viennent qu’à nous céder sous les pieds !
Nous devons penser sur le long terme et que le projet, considérant qu’il peut être abandonné ou non terminé en cours de route, par un dépassement des coûts ou tout autre raison, soit tout de même utilisable et sécuritaire. C’est pas en attendant que des gens se blessent, que la réputation de notre promenade sera à son meilleur. Et de faire la promesse d’une nouvelle qui ne verra peut-être pas le jour non plus. Je pense donc aussi que le projet serait à revoir et à réévaluer pour en diminuer les coûts, le temps de réalisation et voir un résultat qui corresponde vraiment au besoin de se promener sans promettre l’impossible.