Politique

ÉLECTIONS : Les candidats s’affrontent

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Ce n’était pas vraiment un débat, la formule ne s’y prêtait pas, mais les étudiants du cégep de Saint-Hyacinthe ont tout de même eu droit à un affrontement intéressant – parfois incisif –  entre les cinq principaux candidats qui briguent les suffrages du 4 septembre prochain.

L’événement avait lieu le 29 août dernier, en début d’après-midi, et près de 200 cégépiens y ont participé selon les organisateurs.

Photo: Paul-Henri Frenière.

Le député sortant, Émilien Pelletier, occupait la position centrale et il était flanqué de ses deux adversaires souverainistes (ceux qui sont susceptibles de lui soutirer des votes): Jérôme St-Amand d’Option nationale et Richard Gingras de Québec solidaire. Aux extrémités de la table, Pierre Schetagne de la Coalition avenir Québec et Louise Arpin du Parti libéral.

Trois grands thèmes ont été abordés, soit l’éducation, l’environnement et la souveraineté. 

La candidate du PLQ arrivait en terrain hostile. Et elle le savait. Louise Arpin s’était donc bien préparée et elle a démontré un certain sang-froid dans les circonstances. D’entrée de jeu, et sans surprise, c’est elle qui a reçu le moins d’applaudissements lors des présentations. Elle a même écopé de quelques huées en cours de route.

Des étudiants disciplinés

Mais généralement la faune estudiantine s’est montrée très disciplinée et attentive aux arguments présentés. Les applaudissements les plus nourris sont venus – évidemment – lorsque les candidats d’Option nationale et de Québec solidaire ont tour à tour évoqué que leur parti respectif prônait la gratuité scolaire pour les études post-secondaires.

Richard Gingras a reçu une excellente réception lorsqu’il a évoqué la légitimité de la grève étudiante. On l’a vu souvent, le printemps dernier, manifester avec les étudiants avec la casserole et le carré rouge.

Pierre Schetagne, de la CAQ, était également en terrain périlleux puisque son parti, à l’instar des Libéraux, soutient que les étudiants doivent faire leur «juste part» dans le paiement des droits de scolarité. Il a aussi eu droit à un accueil plutôt inusité…

Photo: Paul-Henri Frenière.

Dans les premières rangées, deux étudiants s’étaient affublés d’un panache de caribou, en référence aux propos tenus par François Legault lors d’un débat avec Pauline Marois.

Le chef de la CAQ avait alors traité de «caribous» les souverainistes purs et durs qui s’enfonceraient dans un ravin avec un éventuel référendum.

Mais les étudiants ont dû enlever leurs panaches à la demande d’une agente de sécurité qui devait juger que cet accoutrement constituait une arme sinon offensive, du moins offensante…

Ah! la souveraineté…

Le thème de la souveraineté –le dernier abordé– fut d’ailleurs le plus tumultueux. Ironie du sort (la position des candidats étant déterminée par ordre alphabétique), les trois tenants de la souveraineté occupaient le centre de la table tandis que les fédéralistes étaient assis aux extrémités.

 

Pierre Schétagne. (Photo: PHF)

On s’est d’ailleurs questionné sur l’identité du candidat caquiste qui, à l’instar de son cousin de chef, aurait des antécédents péquistes. Louise Arpin a relevé le fait que Pierre Schetagne avait allégrement contribué à la caisse électorale du PQ au cours des dernières années.

Le candidat d’Option nationale a tranché le litige en affirmant tout de go : « Lorsque l’on n’est pas souverainiste, on est fédéraliste. C’est clair! ».

Le candidat de la CAQ a reçu d’autres flèches, notamment du député sortant du PQ. Pierre Schetagne avait évoqué le danger de tenir un nouveau référendum dans la situation actuelle du Québec. Émilien Pelletier a rétorqué que « si c’est la CAQ qui organise le référendum, c’est sûr qu’on va le perdre! », une assertion qui lui a mérité des applaudissements.

Toujours sur la question du référendum, Louise Arpin s’est livrée à une description quasi apocalyptique de cette éventualité. Son portrait d’un Québec souverain était si exagérément négatif qu’on pouvait entendre des rires dans la salle. Un étudiant s’est même exclamé « J’ai peur !!! », provoquant l’hilarité générale.

Aucun candidat n'a remporté

Louise Arpin du PLQ. (Photo: PHF)

Cela dit, cette rencontre électorale s’est très bien déroulée. Les candidats ont pu exposer leurs arguments durant pratiquement deux heures et les étudiants ont semblé satisfaits des échanges. Ils le doivent aux organisateurs, le Regroupement des étudiants et étudiantes du cégep de Saint-Hyacinthe en collaboration avec l’Institut du nouveau monde et le Directeur général des élections.

On peut dire qu’aucun candidat n’a remporté la joute, mais Émilien Pelletier –celui qui avait le plus à perdre dans l’exercice- s’en est sorti sans trop d’égratignure. On pourrait même dire qu’il a peut-être marqué quelques points.

Le soir même, au sous-sol de la cathédrale, les candidats croisaient le fer à nouveau, mais avec quelques modifications dans l’alignement. Louise Arpin n’était pas présente (en raison d’un agenda trop chargé), mais d’autres acteurs se sont ajoutés, soit Alexandre Bruneau de l’Équipe autonomiste, Thomas Gagné de l’Union citoyenne du Québec et Lise Gaudette du Parti unité nationale. La neuvième personne (!!!) en lice pour cette élection, Isabelle Leclerc du Parti Conservateur du Québec, aura été absente des deux rencontres. Elle aurait même confié à un collègue qu’elle n’était qu’un « poteau » dans le comté.

Un comté chaudement disputé

Décidément, la circonscription de Saint-Hyacinthe semble hautement convoitée par les trois principaux partis. On sait que le chef du Parti libéral, Jean Charest, nous a visité à deux occasions. Au moment d’écrire ces lignes, j’apprends que François Legault, le chef de la CAQ, fera une petite visite au marché public ce samedi, en compagnie de son candidat Pierre Schetagne.

Pauline Marois et Léo Bureau-Blouin. (Capture d'écran)

Au lendemain du « débat » au cégep de Saint-Hyacinthe, Pauline Marois s’est présentée, elle aussi pour une deuxième fois à Saint-Hyacinthe, en compagnie de Léo Bureau-Blouin, candidat vedette du PQ qui, on le sait, a fait ses études au collège maskoutain.

Madame Marois en a profité pour réitérer son intention d’abolir l’augmentation des droits de scolarité et de mettre la hache dans la Loi 78, ce qui a eu l’heur de plaire aux nombreux étudiants présents.

Cette popularité du comté de Saint-Hyacinthe auprès des chefs s’explique par la lutte serrée qu’on s’y livre.

Selon le site Too Close To Call, qui collige les sondages nationaux et qui les amalgame aux résultats de la dernière élection, la CAQ de François Legault serait en avance de 1% dans Saint-Hyacinthe et Pierre Schetagne remporterait donc l’élection.

Tableau de Nicole Jetté.