Ruralité

Jeannine Messier: la passion d’une agricultrice

La Ferme Équinoxe est à l’image de sa propriétaire Jeannine Messier : une ferme aux multiples facettes, en lien direct avec les consommateurs. Photo : Roger Lafrance

La propriétaire de la Ferme Équinoxe, Jeannine Messier, est une femme de passion. Et en entrevue, la militante féministe et agricole n’est jamais bien loin.

Toute jeune, son destin semblait tracé : elle voulait déjà être productrice agricole. Mais à l’époque, peu de femmes étudiaient en agriculture. Qu’à cela ne tienne, comme son mari possède une ferme porcine et de grande culture à St-Valérien, elle en devient un membre à part entière. Quand leurs deux fils décident de se joindre à la ferme familiale, elle se retrouve devant un dilemme.

« À 48 ans, je trouvais ça jeune pour faire du macramé et du bénévolat ! raconte-t-elle, sourire en coin. C’est là que j’ai décidé de m’acheter une ferme. »

Remarquez, elle était déjà grandement impliquée dans son milieu et elle l’est toujours aujourd’hui, notamment à titre de présidente de la Fédération des agricultrices du Québec. Elle siège aussi au Conseil du statut de la femme et fait même de la coopération internationale grâce à UPA Développement international.

En 2010, elle jette donc son dévolu sur une bleuetière du Petit rang Saint-François à Saint-Pie, avec l’idée d’y exploiter une table champêtre à la maison. Pour elle, faire le lien entre la production agricole et la table allait de soi.

« J’ai un talent : je fais de la bonne cuisine, alors pourquoi ne pas en faire bénéficier les gens? Les gens sont si heureux quand ils viennent dans une table champêtre et de mon côté, je suis contente de leur faire de bons petits plats. C’est un partage des deux côtés. » explique-t-elle.

Elle ne bénéficie d’aucune aide financière pour l’achat de sa ferme. Le programme destiné à la relève agricole ne s’adresse pas aux candidats plus âgés, une aberration, selon elle, puisque de plus en plus de gens choisissent de s’établir en agriculture à la suite d’un changement de carrière.

Pour la production de bleuets, elle bénéficie des conseils de l’ancien propriétaire. Puis elle aménage un grand jardin puisque le menu d’une table champêtre doit contenir au moins 50% de produits cultivés sur place. Au fil des années, la Ferme Équinoxe ajoute donc les asperges et la production de sirop d’érable.

Produits transformés sur place

Aujourd’hui, Jeannine Messier a délaissé la table champêtre pour investir dans un kiosque à la ferme où elle vend différents produits transformés qu’elle concocte avec sa fille Valérie Lambert : tartes et bleuets trempés dans le chocolat, feuilletés aux asperges, pâtés au poulet, produits à base de sirop d’érable.

Depuis peu, elle offre même de la crème glacée au bleuet. «Quand j’ai acheté la machine, je ne savais pas si ça marcherait,» raconte-t-elle. Sa crème glacée connaît un véritable succès.

Sa ferme est donc à son image : une entreprise aux multiples facettes, en lien direct avec les consommateurs.

Quand on bavarde avec elle, la place des femmes en agriculture l’allume tout particulièrement. À son avis, les femmes apportent une vision différente de l’agriculture.

« L’agriculture se féminise et s’urbanise, affirme-t-elle. Sans rien enlever aux hommes, les femmes sont davantage éveillées aux questions environnementales, à l’agriculture de proximité, à la transmission des connaissances et au devoir de mémoire. »