Ruralité

La Brouette maraîchère : l’option bio pour les jardiniers

Émilie Guérard, propriétaire de la Brouette maraîchère, l’avoue d’emblée : elle ne pourrait pas faire une agriculture qui ne correspond pas à ses valeurs.

« J’aurais eu de la difficulté à entrer dans le moule et à trouver ma place dans l’agriculture conventionnelle, avoue-t-elle en entrevue à Mobiles. L’agriculture bio apporte un aspect positif à la société et à l’environnement. Elle me permet d’être en harmonie avec ce qui m’entoure. C’est la même chose pour l’aspect communautaire. »

Dans ses serres de Saint-Louis, Émilie Guérard produit pas moins de 300 variétés de plants bio. Photo : Roger Lafrance

Elle a débuté en agriculture en produisant des paniers de légumes bio. Si la formule attire beaucoup de jeunes maraîchers, c’est un secteur difficile avec de longues heures en saison et reposant surtout sur le travail manuel.

Ce type d’agriculture se heurte aussi à un autre problème important : le prix faramineux des terres agricoles et la difficulté de trouver de petites superficies disponibles. En effet, les règles protégeant le territoire agricole empêchent le morcellement des terres, ce qui privilégie les grandes fermes.

C’est ainsi qu’elle a jeté son dévolu sur un lopin de terre à Saint-Louis, en bordure de la rivière Yamaska. Ce n’est pas très grand, mais l’espace est suffisant pour les trois serres de l’entreprise.

Parallèlement, Émilie Guérard a réorienté sa production, passant des paniers de légumes à la production de plants bio. Elle avait pris l’habitude d’offrir ses surplus de plants en début de saison et ceux-ci trouvaient facilement preneur parmi sa clientèle qui cherchait des plants bio pour leur propre jardin.

Depuis 2020, elle se consacre donc entièrement à cette activité. Elle offre quelque 300 variétés de plants certifiés bio grâce à l’appellation Québec Vrai. Elle n’utilise aucun pesticide ou engrais de synthèse. Elle s’approvisionne en semences auprès de semenciers bio, le plus possible au Québec ou au Canada.

« Mes plants sont produits le plus naturellement possible, avec du terreau et du compost. C’est tout ce dont a besoin la plante, » indique-t-elle.

Elle décrit son entreprise de « pépinière comestible » : plants de légumes, fines herbes, fleurs comestibles, médicinales ou mellifères. Sa clientèle est constituée de jardiniers amateurs, mais aussi d’autres entreprises de transformation spécialisées dans le bio, tels des herboristes.

Ses clients commandent directement sur son site Internet. Les gens récupèrent leurs plants dans l’un ou l’autre des points de chute répartis à travers le Québec. Sinon, La Brouette maraîchère est aussi présente dans certains marchés publics, dont le marché Jean-Talon à Montréal ou à celui de Drummondville.

Ayant étudié en sociologie, Émilie Guérard a intégré un aspect social à sa production en approvisionnant de nombreux organismes communautaires œuvrant dans le jardinage communautaire ou agriculture urbaine. Cette clientèle accapare quand même 20% de sa production.

De cette façon, elle veut sensibiliser les gens à l’agriculture bio. « Le bio est encore mal compris par une partie de la population, convient-elle. Pourtant, c’est la façon naturelle de produire et qui respecte les écosystèmes. »