Françoise Pelletier
À ma p’tite soeur virtuelle
12 Mai 2013. C’est la fête des mères. Je ne suis pas mère. Mais, le printemps été passé, j’en avais deux cent mille, des enfants, et on leur fessait dessus dans les rues. Et ça me rendait malade… Aujourd’hui, je tente d’écrire une petite introduction à ma chronique des Pissenlits : hommage à la résistance. Et je résiste sauvagement. Et je procrastine en calvaire… Pourquoi ? Parce que ça me fait entrer à nouveau dans un état difficile, innommable, souffrant. Pourtant, je viens, enfin, de réussir… Aidée par une amie que j’appelle affectueusement ma p’tite sœur virtuelle. Elle qui a été au front, tous les jours, toutes les nuits, à toutes les maudites manifs de nuit qui se sont faites à Montréal, l’été passé… Je la voyais partir… Et j’angoissais à mourir. Je me couchais quand elle était de retour à sa maison, saine et sauve… Cette chronique, qui n’en est pas vraiment une, je la dédie à elle. À elle qui a été l’image même du pissenlit de la résistance, à elle qui a marché, s’est battue jour après jour, nuit après nuit, pour que la justice sociale soit. Pour toi, donc, ptite sœur virtuelle, je te dédie cette douloureuse introduction à ma chronique des Pissenlits, pour te remercier, d’une part, et pour te rendre hommage, aussi.
Ma chronique sur les pissenlits a été écrite pendant une nuit terrible d'insomnie causée par la violence policière survenant à l’été 2012. Femmes et hommes, étudiantes et étudiants se faisaient fouiller et arrêter arbitrairement dans le métro à Montréal… Je suivais le tout à distance, de chez moi à Saint-Hyacinthe. Et j'avais mal. Je me sentais impuissante, de fait, je l’étais. Et, ce soir-là du 12 juin, ce qui a achevé de me briser fut ce terrible témoignage concernant une jeune femme, déficiente intellectuelle, qui avait été arrêtée dans le métro à Montréal et mis à mal par des agents de police, parce qu'elle était en possession de casseroles… Elle s'était tout simplement greyée dans le but de partir vivre de façon autonome en appartement… Mais en ce temps-là, être en possession de casseroles a été perçu comme un acte de subversion…Elle a été rudoyée par la police, questionnée sur le fait de posséder toutes ces casseroles, sans même qu’elle ait la capacité de comprendre ce qui lui arrivait… C’est sa mère qui a écrit le témoignage, encore sous le choc de la violence dont avait été victime sa grande fille…C’en a été trop pour moi. J’ai éclaté en sanglots, et aie bien été incapable de trouver assez de paix en moi pour trouver le sommeil… C’est ainsi, dans cet état, que j’ai écrit mes Pissenlits : hommage à la résistance…https://journalmobiles.com/chroniques/mots-dits/pissenlits-hommage-a-la-resistance Pour me consoler. Pour prendre soin de ce qui était brisé en moi, et pour le partager, aussi. Des fois que ça pourrait en aider d’autres dans le même état que moi…
Re: À ma p’tite soeur virtuelle
J’aime les pissenlits, les petites soeurs _même si j’en ai pas_ et oui je suis maman d’une étudiante combative et d’un grand jeune homme qui a fini d’étudier mais qui prendra 10 ans à rembourser ses prêts étudiants. Et oui, comme toi j’ai été indignée par les abus des flics mais solidaire avec les jeunes , du début du mouvement jusqu’à hier, à l’auto-souricière. Bref, je te comprends…Et pas juste parce que j’aime les pissenlits!
Re: À ma p’tite soeur virtuelle
AH! Quel article passionné! A ton image en faite. Je t’ai bien reconnue là. Je le ferai circuler sois en certaine. J’ai ressentie ta douleur, ta révolte, ton cri. Je partage au nom de tout les tiens, de tous les miens.
En passant, chapeau pour la belle trouvaille : Mes Pissenlits, hommage à la résistance. Je trouve le rapprochement extraordinaire. Quoi de plus résistant qu’un pissenlit ! Y a que les enfants qui aujourd’hui s’émerveillent encore de la beauté de cette fleur. Hélas, nous les adultes, la société nous a appris à les voir comme des mauvais herbes à qui il faut couper la tête. C’est loin d’être inné cette répulsion… comme tant d’autres choses d’ailleurs. C’est à vous soulever le coeur. J’en appelle à la réflexion qui n’est plus naturelle aujourd’hui. La tandance est aux « moutons ».
Re: À ma p’tite soeur virtuelle
Merci pour ton partage qui me fera cracher la douleur que je porte depuis trop longtemps. Rien n arrive pour rien et en parler fera grand bien. J ai assisté a 2 manifs l été dernier et crois moi j ai eu très peur, j y ai été pour porter assistance a ceux qui se faisaient poivrer et ou avaisnt besoin d un aide psychologique dans l immédiat. C était un des plus dur moment de ma vie. J ai une soeur qui est déficiente intellectuellement et qui a été battue par pas 1 ou 2 policiers mais 6 qui ont sauté dessus en la frappant a l abdomen et la garochant sur le ciment face contre terre.Sa faute, elle avait été sur un coin de rue et appeler le 911 a 2 reprises en ne parlant pas et en raccrochant car elle aimait les policiers et voulaient les voir pour parler avec eux. Nous nous sommes rendues a l hôpital moi et ma mère car ma soeur est arrivé a la maison le visage éraflé et un gros hématome sur l abdomen, elle a souffert longtemps. Ma mère a appelé le poste de police concernée pour faire une plainte et les policiers impliqués dans cette brutalité lui ont dit: Y a pas de témoins si vous nous faites un procès vous allez perdre, personne ne croira votre fille parce qu elle est déficiente…Je rage encore car ma mère n a pas eu la force de se battre contre le système. Ça c est produit y a une quinzaine d années….Merci pour ton partage Françoise.
Re: À ma p’tite soeur virtuelle
J’aime beaucoup cette comparaison entre les pissenlits et ceux et celles qui se relèvent toujours……..merci Françoise, d’autant plus que cette merveilleuse plante possède des vertus et des pouvoirs innégalés…….VAMONOS!