Chronique

AGNÈS MALTAIS, LA COMÉDIENNE

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Ainsi donc, même la Protectrice du citoyen considère que la réforme de l’aide sociale, amenée par la ministre Agnès Maltais, va trop loin : qu’elle sera préjudiciable pour des gens qui sont déjà parmi les plus vulnérables de la société.

J’avoue que lorsque les coupes ont été annoncées, le 27 février dernier, les bras me sont tombés. Comment un gouvernement qui se dit social-démocrate peut-il agir ainsi ?

Habituellement, quand les Libéraux revenaient au pouvoir après sept ou huit ans de carême, ils s’empressaient de distribuer les chocolats aux tits zamis : des baisses d’impôt pour les plus riches. Au Parti québécois, en début de mandat, on coupe les plus pauvres.

Et l’ignoble tâche a été confiée à Agnès Maltais, une comédienne.

La ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, responsable de la Condition féminine et de la Capitale nationale (ouf!) a donc une formation collégiale en théâtre.

Je n’ai rien contre cela, mais admettons que les responsabilités sont importantes pour quelqu’un qui a appris à jouer des rôles. Mais c’est peut-être cela qu’on lui demande, jouer un rôle.

Remettons la pièce dans son contexte.

2007 : Agnès Maltais appuie fortement la candidature de Pauline Marois dans la course à la direction du Parti québécois. C’est une fidèle alliée de la future Première ministre.

2011 : Agnès Maltais marraine le projet de loi visant à protéger l’amphithéâtre du maire Labeaume contre d’éventuelles poursuites. Sa position, carrément électoraliste et soutenue par Pauline Marois, provoque le départ de trois gros canons du PQ : Louise Beaudoin, Lisette Lapointe et Pierre Curzy. L’appui de Pauline Marois aux ambitions d’Agnès Maltais lui aura coûté cher.

Maintenant, entrons au cœur même de la pièce qui aurait pu se jouer.

Personnages :

Nicolas Marceau : Ministre des Finances et de l’Économie
Pauline Marois : Première ministre du Québec
Agnès Maltais : Ministre de… vous savez quoi

Nicolas Marceau : Madame Marois, ça n’a pas de bon sens ! Avec les finances que les Libéraux nous ont laissés, il va falloir couper partout, partout, pour s’approcher du déficit zéro.

Pauline Marois : Même à l’aide sociale ?

Nicolas Marceau : Même à l’aide sociale, c’est sûr. Surtout qu’avec la réforme de l’assurance-emploi du fédéral, c’est un paquet de chômeurs qui vont se retrouver sur le BS, en particulier des vieux qui vont être difficiles à replacer. Ça va nous coûter une fortune !

Pauline Marois : On coupe de combien ?

Nicolas Marceau : Environ 20 millions $.

Pauline Marois : Appelez-moi Agnès.

(pause)

Pauline Marois : Agnès, tu sais que tu m’en dois une. Arrange-toi pour couper 20 millions $ dans ton ministère. On n’a pas le choix.

Agnès Maltais : Mais Pauline, tu sais que ça va être impopulaire, que ça pourrait me coûter des votes. Je n’ai pas envie de jouer dans cette pièce-là.

Pauline Marois : Débrouille-toi ! Improvise !

(Agnès Maltais se tourne vers ses fonctionnaires)

Agnès Maltais : Trouvez-moi des catégories de prestataires de l’aide-sociale que l’on pourrait couper rapidement. Idéalement, dans les catégories qui ne sont pas trop aptes à contester : les vieux et les drogués par exemple.  On va sortir ça en douce et en même temps, je vais me rendre à Ottawa pour mettre le focus sur les coupures à l’assurance-emploi. Ça devrait marcher.

Mais le scénario ne s’est pas déroulé comme prévu, Madame Maltais. C’était sans compter sur l’opposition des groupes sociaux qui, eux, peuvent faire preuve de solidarité sociale : un concept qui, pourtant, devrait inspirer votre ministère.

***
En passant, mercredi prochain, le 3 avril, une marche aura lieu à Saint-Hyacinthe pour remettre une pétition au député Émilien Pelletier. La pétition réclame que le gouvernement du Québec abandonne immédiatement les coupes annoncées à l’aide sociale et retire définitivement son projet de règlement.

La marche débutera à 10h15, au Carrefour des organismes communautaires (1195 rue Saint-Antoine). Le retour est prévu pour 11h30. La même démarche se fera dans plusieurs villes du Québec.